Les quatre vraies raisons qui nous empêchent d’avancer (1/6)

Les symptômes sont souvent là mais nous ne les voyons ou ne les écoutons pas.
Du coup, cela bloque le processus de changement de vie. Analyse.

Cela fait des mois que François traîne une migraine lancinante et un mal de dos. Logique : il se bourre la tête de questions restant sans réponse. Il a l’impression de piétiner, de faire du sur-place.

Bon soldat, il ne compte plus ses heures passées au travail, même le soir à la maison. Responsable, il sait qu’en tant que cadre supérieur, il doit être à la barre et répondre aux exigences de sa fonction de leader : anticiper, prouver qu’il a de la vision, inspirer ses équipes, mener ses multiples projets à bien tout en étant très performant, se montrer plein d’énergie et, bien sûr, continuer à ‘transpirer le bonheur’ face à son équipe. Sans oublier, de plus, qu’il est père de deux adolescents turbulents et rebelles, qui lui font voir la vie dure et tentent, avec leurs moyens, de marquer leur différence et construire leur indépendance vaille que vaille.

Bref, une vie devenue lourde car répétitive et cela, même quand les aléas du business et les crises sont nombreuses. En temps normal, elles auraient pavé sa vie de défis à relever. Aujourd’hui, elles représentent l’écueil de trop qui génère sa fatigue et sa perte devenue permanente d’énergie. D’où les migraines et le mal au dos.

Cela devrait être suffisamment douloureux pour que François prenne la décision de changer de vie professionnelle. Eh bien, non. Il reste hypnotisé par sa routine et a perdu le courage et la résilience qui pourtant l’ont toujours caractérisé depuis son enfance.
Les raisons ? Pointons-en quatre.

La première : il a perdu la capacité de prendre du recul car il est englué dans son train-train engluant voire opprimant.

En soi, le travail est devenu son bourreau, son persécuteur. Comme il est à la tête d’une équipe, il a le devoir de rester au top de sa forme et de son énergie, de continuer à sourire et, surtout de rester discret par rapport à son mal-être ; il se confine donc dans le silence et se retrouve seul. A la maison, son épouse reste une oreille bienveillante mais, malgré toute sa bonne volonté, elle est loin des réalités du terrain et surtout peu informée des contraintes réelles réservées aux tenants du système. Et comme François est tenu à la confidentialité inhérente à sa fonction, il ne peut se confier à ses amis ou le reste de sa famille.

Quant aux collègues, aux membres de son équipe et ses supérieurs, ils ne constituent en aucun cas les interlocuteurs neutres dont il aurait besoin pour mûrir sa réflexion, d’autant qu’une option serait de quitter l’entreprise.

La deuxième : il a peur du lendemain, de l’inconnu, du vide sidéral auquel il croit s’attendre s’il entreprend de changer sa vie.

Or, la peur est constituée d’éléments rationnels qu’une personne n’arrive plus à discerner. Elle paralyse, elle crée la prostration, donc l’immobilisme. Elle entraîne la culpabilité face à l’inertie, bref, elle bloque tout le système de réflexion. Ce que François devrait comprendre, c’est d’abord que la peur est constituée de 85 à 95% d’éléments non rationnels et que, seuls 5 à 15% constituent un avertissement valable. Ensuite que la peur représente un besoin de sécurité et d’assurance et que ce besoin peut être comblé par des objectifs et des plans d’actions clairs. Enfin, que ressasser les peurs, les tourner en boucle est improductif et contribue à la prostration.

La troisième raison se trouve dans le scénario de vie de François.

Nous sommes tous sujets à un scénario de vie. Les gagnants osent prendre des risques et apprennent de leurs erreurs. Les autres se retrouvent dans trois catégories : les non-gagnants qui remettent à demain en se disant qu’ils sont « passablement » heureux et que le bonheur sera là quand… (ils y mettent une condition ‘quand j’aurai de l’argent, quand je serai marié, quand j’aurai des enfants’, quand je serai mince, etc.), les victimes qui se plaignent et restent calées dans leur situation tout en cannibalisant l’énergie des autres. Restent enfin ceux qui sont trop pessimistes ou fatalistes pour envisager le moindre changement ; ils ne peuvent même concevoir que changer de vie est réalisable, ils disqualifient toute aide qu’on pourrait leur apporter et deviennent apathiques.

Je ne peux que vous encourager à explorer la première option qui est la plus constructive et mène à la satisfaction et à l’état d’esprit ‘bonheur’. Le hic est que, souvent, et bien malgré nous, nous sommes loyaux à nos modèles familiaux et éducationnels et que, sans s’en rendre compte, nous obéissons aux injonctions de nos aïeuls, nos modèles d’éducation. Juste un exemple pour bien me faire comprendre : il m’arrive régulièrement d’entendre que mon client se sabote et quand je lui demande s’il est loyal à quelqu’un dans sa famille, neuf fois sur dix, il tombe de haut quand il se rend compte qu’il se voulait inconsciemment loyal à un père/grand-père, mère/grand-mère qui a fait faillite ou est resté malheureux le reste de sa vie. Cette loyauté est tapie sous un auto-sabotage qui s’avérait difficilement compréhensible.

La quatrième raison s’entend par l’anxiété ambiante liée, notamment au coronavirus qui l’entoure.

Depuis mars 2020, nos conditions de vie ont drastiquement changé. Les médias se font écho d’un état anxiogène ambiant. Même si nous nous restons informés ad minimum, nous pouvons être influencés par cette ambiance délétère qui nous entoure. Or, c’est un fait, OUI, notre vie a changé, et pour plusieurs années, en tout cas tant qu’un vaccin anti-COVID-19 n’ait pas été dûment distribué à l’échelle planétaire. Alors, allons-nous nous laisser plomber à jamais ? Allons-nous refuser de sauter du grand plongeon sous prétexte que le fond de la piscine est trouble ? Le monde VUCA (volatil, incertain/uncertain en anglais, complexe et plein d’ambiguïté) est devenu le nôtre. Il nous entoure et fait dorénavant partie de notre réalité quotidienne.

Nous avons le choix : soit nous nous laissons bloquer par ces quatre facteurs, soit nous décidons d’aller de l’avant. Après tout, les crises ne sont-elles pas les berceaux des plus grandes avancées technologiques et humaines ?

Sylviane Cannio

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